Automutilation, « self-harm », appelle ça comme tu veux.

Automutilation, « self-harm », appelle ça comme tu veux.

La première fois que j’ai décidé d’apporté une lame à ma peau, ce n’était pas pour attirer de l’attention ou me tuer, je l’ai fait parce que j’avais besoin d’exprimer une peine psychologique que je ne comprenais moi-même pas vraiment. En étant une preuve physique, quelque chose de plus concrets j’avais maintenant le droit d’avoir de la peine, de la douleur face aux évènements que je pouvais vivre. Quelques mois plus tard, j’ai été chanceuse, j’avais déjà un suivi psychologique, j’ai compris plusieurs choses.  

L’automutilation, ce n’est pas juste de prendre une lame et d’ouvrir ta peau, c’est aussi d’aimer les bleus que tu te fais quand tu fais du sport, c’est aussi être insouciant ou insouciante lorsque tu coupes des aliments, c’est aussi conduire rapidement en auto, c’est aussi de ne pas regarder des deux côtés quand tu traverses la rue parce que c’est pas grave si tu te fais frapper et que tu te retrouves avec quelques os cassés. L’automutilation est là à chaque minute de ta vie, c’est une façon de penser. Tu n’as pas besoin d’avoir eu des points de suture pour fermer une plaie pour te dire que tu en souffre toi aussi, va chercher de l’aide. 

Courage, acceptation, espoir, conviction, des mots que je me suis fait répéter par ma psychologue à maintes reprises. Mots qui passaient par une oreille et sortait de l’autre, c’est à peine si je lui riais au visage. Pourtant aujourd’hui, c’est mots là veulent tout dire pour moi. J’ai le courage d’arrêter, je m’accepte avec les cicatrices qui sont présentes sur mon corps, j’ai espoir que je suis capable, et je suis convaincue que je peux arrêter. J'ai lentement remplacé les mots qui me faisaient mal avec des mots qui m'ont guéri. Je me rappelle qu'il fallait non seulement la force de partir, mais aussi le courage. Il m'a fallu accepter que ma vie n'avait pas à être ainsi. Il a fallu de l'espoir et la conviction qu'il y avait quelque chose de mieux pour moi. Je pense au courage et je ne pense pas au temps où je suis allé faire du parachutisme ou du saut en falaise (j’ai pas vraiment fait ça mais vous comprenez l’exemple). Je pense à quand j'ai mis mes lames dans des cubes à glaçons et que j’ai fait couler l’eau par-dessus pour après les mettre dans le congélateur, pour la première fois, ça avait pris tout mon courage ! Je n’avais donc pas pu les utiliser la prochaine fois que j’allais en avoir « besoins ». Je pense à quand j'ai choisi ma santé et mon bonheur avant tout. 

Surtout, trouve-toi des trucs ! Met tes lames dans un bloc d’eau au congélateur, comme ça tu dois attendre avant de faire quoi que ce soit ! Prend une grande inspiration et expiration pour chaque coin qu’il y a dans une pièce. Essaie de te concentrer sur le moment présent, trouve une chose que tu peux entendre, une autre que tu peux gouter, une autre que tu peux sentir, une autre que tu peux toucher et une autre que tu peux voir. Guérir ne se fait pas en ligne droite, tu as des hauts, des bas, des périodes neutres. Alors soit patient envers toi-même.  

Soit Kool et courageux, soit Kool en gardant l’espoir (à votre discrétion, de quoi du genre là je sais pas)  

-Clara Messier


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